Aminata THIOR

Femmes mariées au Sénégal, parlons d’une des nombreuses facettes de la pression sociale qu’elles subissent

Que ferions-nous si nous n’avions pas peur ?

J’ai un rêve. Celui de voir un jour un Aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar sans badauds qui m’arrachent mes valises moyennant des euros (et même pas du FCFA) et avec une vraie file prioritaire pour les familles, femmes enceintes et personnes handicapées (et non pour personnalités ou individus ayant ce qu’on appelle « des bras longs »). Comme ce rêve tarde à se réaliser, j’ai décidé d’appliquer une autre méthode  lors de mon dernier voyage à Dakar : être dans ma bulle pendant toute la durée de mon passage dans ce lieu.

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Source : Wikimedia Commons. Bienvenue dans ma bulle colorée

Dans ma bulle, je fais le vide et ne vois que le gendarme qui doit me tamponner mon passeport. Je ne regarde pas du côté de l’arrivée des valises, le désordre qui y règne me fait penser à la ville de Kaboul. Le bruit, le monde qui grouille autour de moi n’existe plus. Et ça marche. Ça a marché !

A la sortie de l’aéroport, toujours dans mon cocon, j’ai aperçu au loin Amy Collé, ou Collé pour les intimes. Elle était apparemment dans sa bulle aussi : le plus extraordinaire dans cette expérience, c’est que j’ai rencontré d’autres personnes qui étaient également dans leur bulle.

Collé et moi étions très proches. Nous avions fait le même lycée mais le temps nous a séparé lorsque sa famille a quitté Dakar pour Boston il y a bien longtemps. Lorsque nos regards se sont croisés, nous nous sommes toute de suite reconnues et je vous épargne les cris de joie et salamalecs qui s’en sont suivis.

Je ne pouvais m’empêcher de lui demander pourquoi elle avait décidé de se créer une bulle. Sa réponse me glaça le sang. J’avais en face de moi, une jeune femme belle, intelligente, ambitieuse et indépendante qui me raconte sa peur du séjour qu’elle va passer au Sénégal. Pour la 2ème fois après son mariage avec Doudou, Elle est venue avec ce dernier passer quelques jours de repos au pays de la Téranga. Collé me raconte son tiraillement entre ce qu’elle souhaiterait faire pendant ce séjour et ce que sa belle-mère souhaiterait qu’elle fasse du fait de son statut de mariée. Les attentes de cette dernière, elle l’a su lors de ses premières vacances à Dakar.

Elle a prévu de passer beaucoup de temps avec ses parents qui vivent aujourd’hui à Dakar :

Je travaille beaucoup, je gagne très bien ma vie aux États Unis, mes proches sont à l’abri du besoin mais il me manque l’essentiel : ma famille. J’aimerai débattre avec mon père sur nos dernières lectures comme au bon vieux temps, j’aimerai faire du shopping avec ma mère, chose qu’elle adorerait. J’aimerai les toucher, les sentir près de moi. J’ai besoin de passer du temps avec les miens Aminata , me cria-t-elle.

Elle marqua une pause avant de me parler de son projet de création d’une entreprise de traitement de déchet au Sénégal. Elle souhaite également y passer du temps, faire les démarches administratives et recruter des personnes sur place.

Cependant, sa belle-mère attend d’elle qu’elle soit totalement intégrée à sa nouvelle famille et cela passe par quitter le domicile de ses parents et venir s’installer chez son époux. Ce dernier point ne le dérange aucunement. Ce qui la contrarie, c’est le fait de voir que ça ne plait pas à sa belle-mère qu’elle aille voir ses propres parents aussi souvent qu’elle le souhaiterait. Ce qu’elle ne comprend pas, c’est qu’on attend d’elle qu’elle fasse le ménage ou qu’elle cuisine chez sa nouvelle famille alors qu’elle est venue pour des vacances. Ce qui l’a poussé à créer sa bulle, c’est son impuissance face à cette situation. Elle qui est si indépendante, si directe, si courageuse, elle n’arrive pas à saisir pourquoi elle ne peut pas dire NON. Ce n’est pas qu’elle n’aime pas sa belle-famille, non loin de là, elle veut juste assouvir ce besoin humain de voir les siens sans contrainte et de réaliser ses plans selon ses prévisions sans se soucier du « Qu’en dira-t-on »

Je suis résignée Aminata. Aux États Unis, je passe 12 mois sur 12 à m’occuper de mon mari, de mon fils, de mon boulot et de mes projets personnels. Quand je rentre à Dakar pour des vacances, je fais ce que la société sénégalaise attend de moi en tant que femme mariée : donner beaucoup de cadeaux à la belle-famille sinon « niou yak sama derr » (ternir mon image) comme dirait ma mère, faire le ménage, car je dois montrer que je suis une femme d’intérieur très « djongué », choyer ma belle-mère si je veux garder mon mari et donc sauver mon mariage. Je vais le faire. Moi qui suis contre toutes ces pratiques, je vais le faire, je n’ai pas le choix. J’ai donc créé ma bulle pour préparer mon nouveau moi, la Collé de Dakar.

Elle a arrêté de parler quand nous avons entendu quelqu’un crier « Gormack, Gormack » (mon 3ème prénom). C’était mon grand frère Cheikh, l’une des rares personnes qui utilisent ce prénom. Qu’est-ce que ça m’a fait plaisir de le voir. Qu’est-ce que je l’ai trouvé beau et charismatique. Le hasard du calendrier a fait que je ne l’ai pas revu depuis qu’il a quitté Dakar pour Kiev et moi Dakar pour Grenoble. 8 longues années que je ne l’ai pas touché, senti. J’ai réalisé à cet instant-là la chance que j’avais de pouvoir dire NON à qui que ce soit et sur toute situation qui ne me convenait pas. Je m’en allais passer du temps avec mes parents car le jour où ils quitteront ce monde, personne ne pourra ressentir à ma place la douleur qui m’habiterait. De même, le jour où je ne serai plus de ce monde, personne ne pourra ressentir leur douleur ou quantifier leur perte. Je m’en allais serrer dans mes bras mon frère, faire la connaissance de sa femme, délirer avec mon adorable et ambitieuse petite sœur… Je m’en allais juste réaliser ce pourquoi j’étais venue à Dakar : Travailler sur mes projets ! Passer du temps avec la famille (au sens large. Les gens que j’aime). Et ce, sans contrainte, sans pression et avec une totale liberté. Avec Collé, nous nous sommes promises de nous revoir.

Il y a certainement des milliers de Collé au Sénégal ou dans la Diaspora. Cette pression sociale qui exige tant de la femme mariée sénégalaise a été instaurée par des personnes et non par une quelconque tradition ou religion. Il est peut-être temps d’en parler ouvertement (hommes et femmes) sur ces pratiques où la femme doit se plier aux exigences de la belle-famille si elle veut sauver son mariage. Quand on a un fort caractère ou quand on est à l’abri du besoin, il est très facile de surmonter cette situation. Mais que fait-on de ces femmes qui n’ont pas d’argent ou de ces autres qui préfèrent se sacrifier que de dire tout simplement : « Je ne peux pas » ou « Je n’ai pas les moyens ».

Que feraient-elles si elles n’avaient pas peur ? Comment vivraient-elles si elles n’avaient pas peur ?

J’irai à la recherche de ces réponses en 2016 !

Aminata Thior


L’élite de la diaspora Sénégalaise rentre au pays

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Photo de profil du Groupe BToG. Source : Association Back To Galsen (Dakar).

Créé en février 2014, le groupe Back to Galsen ou BToG (rentrer au Sénégal) est un réseau sur Facebook (https://www.facebook.com/groups/873863719304059/?fref=ts) de l’élite Sénégalaise de la Diaspora rentrée au pays. Ce réseau compte aujourd’hui 8900 membres et son but est de faciliter l’intégration de la diaspora Sénégalaise, le partage des opportunités de carrières/d’affaires et la collaboration avec les structures qui encouragent le retour des Sénégalais. L’association Back to Galsen (du même nom que le Groupe) est basée à Dakar.

Les différents profils des abonnés du Groupe BToG :

Au début de l’été 2015, il y a eu de plus en plus d’adhésion au groupe et une importante vague de présentation de ses membres/abonnés. Ces derniers présentent les profils suivants :

  • Ils sont déjà rentrés et ont intégré des entreprises au Sénégal
  • Ils sont déjà rentrés et ont choisi l’entreprenariat
  • Ils sont toujours à l’étranger et préparent leur retour
  • Ils ont peur de sauter le pas
  • Ils viennent de finir leurs études et se posent l’éternelle question : rentrer maintenant ou plus tard
  • Ils n’ont pas encore fini leurs études mais se posent quand même cette question du retour

Ces profils sont de tout âge avec une forte présence de la génération qui a quitté le Sénégal dans les années 2000 (entre 2000 et 2012). Quant aux compétences, ce groupe regorge de talents dans divers domaines. D’ingénieurs aux experts comptables, en passant par les avocats, les juristes, les RH, la communauté BToG est un réservoir de savoir-faire pour l’Afrique et particulièrement pour le Sénégal.

La qualité et la richesse des informations partagées dans le Groupe

Tout au long de leur page facebook, les membres de la communauté Back To Galsen partagent leurs formations et leurs expériences du retour :

« Je me suis rendu à l’évidence : la France, c’était pas pour moi »

Khadija est rentrée à Dakar en 2013 après avoir passé 7 ans en France. « J’ai quitté le Sénégal après un bac S2 pour intégrer une prépa HEC. Ensuite, je suis rentrée en école de commerce. Au bout des mes 5 ans d’études, je n’étais toujours pas décidée et ne savais pas trop vers quel métier m’orienter malgré l’ouverture qu’offre la formation en école de commerce. Du coup, j’ai décidé de tenter un second master en école d’ingénieur. Après mon stage de fin d’études et l’obtention de mon diplôme, je savais vers quel métier je voulais m’orienter mais je doutais toujours du lieu (France ou Sénégal) . Après un an à subir l’administration française et plusieurs questions sur le mode de vie que je désirais vraiment, je me suis rendu à l’évidence: la France c’était pas pour moi. Je suis rentrée la semaine où j’ai reçu ma notification de changement de statut, sans promesse ni piste sûre à Dakar. 
3 mois après mon arrivée, j’ai obtenu un stage de pré-embauche en utilisant beaucoup mon réseau. Avec le recul, je me dis que le fait de rentrer était la meilleure décision que j’ai jamais prise. En effet, j’ai décrocher un CDI dans une firme internationale et évolue plutôt bien. »

« Ce qui m’a poussé, c’est juste l’amour pour le pays et rien d’autre. »

Pour Babacar qui a fait ses études supérieures et une partie de son parcours professionnel en France et au Canada, le retour s’est fait en 2012. « Je suis rentré il y a 3 ans de cela après avoir obtenu un poste à l’université de Ziguinchor puis de Saint-Louis. L’idée de rentrer au pays est de juste saisir une opportunité qui se présente. Si on regarde les salaires, on ne fera pas le pas vers le retour. Ce qui m’a poussé c’est juste l’amour pour le pays et rien d’autre. »

Pour la plupart de cette élite rentrée au Sénégal, l’entrepreunariat est la meilleure alternative. Ils sont donc nombreux à lancer leur propre business.

C’est le cas de Cheikhna, ingénieur mécatronique de formation à l’École d’ingénieur de Bretagne Sud. « Après mon cycle d’ingénieur en 2012, je suis rentré et j’ai vite compris qu’avec la formation que j’ai faite, il serait difficile de trouver un emploi au Sénégal.

« Nous croyons fortement que le savoir-faire Sénégalais peut bien se positionner sur un marché jusqu’à présent dominé par les pays asiatiques. »

J’ai lancé avec un associé, la société ABSAR Consulting (https://absar-consulting.com/) qui vise à créer des centres techniques au Sénégal pour permettre d’externaliser des projets technologiques des sociétés européennes.Nous croyons fortement que le savoir-faire Sénégalais peut bien se positionner sur un marché jusqu’à présent dominé par les pays asiatiques.Dans cette dynamique, nous avons aussi lancé la plateforme e-commerce sunuboncoin (https://www.sunuboncoin.com/), le bon coin qui permet aux sénégalais de commander tout type de produit. »

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Drapeau du Sénégal Source : Wiki Commons

Et pour Boubacar, « le Sénégal est plus une affaire de cœur que de raison ». Arrivé en France en 2002. Il y poursuit ses études supérieures et devient chargé de mission à la Direction des relations internationales et affaires européennes de 2010 à 2014. CEO et fondateur de Yenni (www.yenni.org), il a décidé de rentrer en 2014 pour se consacrer pleinement au développement de sa structure. «Yenni est  une startup  qui veut offrir aux expatriés vivant en Europe une solution de paiement sécurisée des frais médicaux de leur famille en Afrique. 

Par ailleurs, des conseils sont fournis aux plus jeunes sur les différentes formations et débouchés associés. Des partenariats se font. Des offres d’emplois pour l’Afrique et/ou le Sénégal sont tous les jours publiées sur la page et des astuces sont partagées pour intégrer sereinement le milieu professionnel Sénégalais.

Nafyel, une Back To Galsen, livre sa finesse adoptée pour s’adapter facilement à son nouveau environnement de travail : « Au travail moi je dirais que le Sénégalais n’avance pas au même rythme que ceux qui viennent d’ailleurs. Par exemple, une réunion rapide bouclée dans le temps imparti sans faire de digressions est très rare. Si tu ne le sais pas, tu trépignes d’impatience. Alors tu leur mets un coup de stress et ce n’est pas apprécié. Rester calme. Si tu dois recentrer la discussion, il faut le faire subtilement et pas du genre  » on a pas que ça à faire ». Pareil, si tu veux relancer les gens pour un travail qu’ils avaient promis de livrer, il faut relancer avec le sourire, à la rigolade et gentiment. Et de préférence pas par écrit /email, encore moins avec le patron en copie. C’est l’erreur que je faisais et j’agaçais tout le monde sans le savoir. Sénégalais bougoul kouko takhawou.(le Sénégalais n’aime pas qu’on lui mette la pression). Tu obtiens ce que tu veux sans heurts et beaucoup plus rapidement avec la bonne méthode »

Tout n’est pas rose…`

Si pour certains membres du Groupe le retour au pays est une évidence, pour d’autres c’est plus complexe. Ils évoquent la peur de la pression sociale, le népotisme, le blocage lié à leur statut de soutien de famille ou un niveau de salaire très bas au Sénégal. Sur ces cas-là, les débats sont houleux. Les avis sont partagés.

Dans son post de présentation, Amina, chargée d’affaires déploiement Fibre Optique chez Orange SA en France, dénonce un système professionnel Sénégalais verrouillé qui ne facilite pas le retour de certains profils :

« … Avec les entretiens qui ne se concrétisent pas.. Des promesses non tenues…Pour des pragmatiques de mon genre, On n’est obligé de garder ce qu’on a d’acquis par la grâce Divine car souvent on est soutient de famille…Je ne pense pas être la seule dans ce cas. Ét cela a un goût très amer ! … »

Le manque d’actions est également décrié.

« Il est temps qu’on pense et passe à des réunions physiques dans les différents pays où nous nous trouvons, comme celles existant déjà à Dakar. L’idée principale : brainstormer. »

Soutient Afi, une des membres du Groupe.

Malgré ces points noirs, il y a du concret : des idées de projet émergent très régulièrement, les experts des domaines concernés parmi les membres se prononcent sur leur faisabilité et parfois, des groupes de travail se forment pour leur mise en œuvre.

Tous les jours, le nombre d’abonnés du Groupe BToG augmente, des problématiques du retour sont traitées sur la page et les initiatives ne manquent pas. Des rencontres physiques ainsi que la structuration du Groupe en différents pôles sont prévues avant la fin de l’année. On peut dire que le train est en marche… L’élite Sénégalaise est bien sur le chemin du retour. Les expériences partagées sur Back To Galsen en sont un parfait exemple.

Ce réseau est une véritable mine d’informations pour l’étudiant, l’entrepreneur, l’état sénégalais, les entreprises Sénégalaises/Africaines qui recrutent. Dès lors, on peut se poser la question à savoir : A quand la première entreprise créée par la communauté Back To Galsen?

A suivre…

Gormack


Je suis journaliste, au Sénégal. Ah Merde!

CestiS’il y a bien une profession qui va de mal en pis au Sénégal, c’est le journalisme. Celui-là qui est sensé recueillir, vérifier ou commenter des faits et les porter à notre attention, nous public, se trouve dans tous les coins de rue au Sénégal. Celui qui sait faire 2 ou 3 phrases correctes en français devient journaliste. Celui qui sait bien tenir un micro est journaliste et celui qui est capable d’écrire un article de 10 lignes est journaliste. Ce qui nous emmène au statut actuel de cette activité au Sénégal : une profession poubelle ou un métier pourri, il y a le choix.

Certes l’avis est sévère, le risque de généralisation est élevé mais la masse de journalistes incompétents au Sénégal rend invisible ces quelques bons journalistes qui essayent d’honorer la profession.

Oui, aujourd’hui elle est tombée bien bas. Le constat est là et flagrant : des sites d’informations en ligne qui pullulent sur la toile avec les mêmes articles à un titre près sur presque tous ces mêmes sites d’informations. Il faut croire que l’idée du mot « concurrence » n’est pas bien compris par les médias sénégalais. Des articles courts, truffés de fautes, dénudés d’analyse et la plupart du temps basés sur des rumeurs, voilà la définition du traitement de l’information au Sénégal. En somme, un vrai travail de rapporteur : les gros titres de la presse écrite, rapportés en quelques phrases sur les sites d’informations en ligne.Et qu’ont-ils fait de la revue de presse de ces gros titres ? Un vrai spectacle, du théâtre. Le besoin de transformer l’information en buzz y est plus importante que la restitution exacte de l’information elle-même.

La lectrice que je suis est frustrée et reste toujours sur sa faim. Je vois plus de reportages ou documentaires sur tout ce qui est People et Buzz que sur le quotidien des sénégalais ou sur la politique politicienne que mènent les concernés. Et même s’il y a des reportages ou documentaires sur tous aspects autres que le divertissement, le sujet est traité en surface : 2 interviews, 3 ou 4 images et puis hop la conclusion est faite.

Je suis également frustrée de constater le non suivi des affaires au Sénégal. Dès qu’une affaire sort, tous les journalistes (si on peut les appeler ainsi) sautent dessus pour nous pondre quelques lignes sur le sujet. Ces quelques lignes qu’on retrouvera plus ou moins, avec 2 ou 3 points modifiés sur les autres sites d’informations concurrents. L’affaire évolue, on continue à nous servir toujours quelques lignes sans réelle analyse, sans réelle enquête/investigation. Des mois plus tard, un lecteur qui veut se renseigner sur une affaire ou sur une personne citée dans une affaire, ne trouvera sur aucun site d’information sénégalais, mais aucun, une chronologie de l’affaire avec un rappel des dates, des faits qui se sont déroulés à ces dates là et un statut actuel de l’affaire. Rien. Par contre, il retrouvera des bouts d’articles sur le sujet sur toutes les plateformes en ligne. Concrètement, on retrouvera la même information avec des formulations plus ou moins différentes sur tous les sites d’informations en ligne sénégalais. Je vous invite à faire l’exercice vous-même avec les affaires de la gendarmerie (Colonel Ndao), de la police (Commissaire Keita) et d’autres. Les scandales sont vites rangés aux tiroirs et aucune trace exploitable, aucun travail de fond n’est laissé au lecteur.Et voilà le meilleur moyen de rester ignorant sur un sujet ou de se baser sur des arguments légers si on n’a pas le courage d’aller chercher l’information soi-même.

presseUn travail sur le terrain, des journalistes qui traitent l’info avec des analyses, des arguments basés sur des faits et non sur des rumeurs, des investigations/enquêtes, on en voit pas, voire peu. Sinon on aurait moins de divertissement à la Télé. Des livres ou des chroniques pertinents, ça n’existe plus. Parce-qu’avant ça existait. On se rappelle tous d’un Abdou Latif Coulibaly par exemple. Avant il était un journaliste pertinent dans ses questions, ses analyses et ses écrits. Avant il écrivait des brulots qui faisaient couler beaucoup d’encre et faisaient parler plus d’un (« Affaire Me Seye, un meurtre sur commande » (2005), « Loterie nationale sénégalaise, chronique d’un pillage organisé », « Contes et mécomptes de l’ANOCI » (2009)…) et d’autres. Mais ça, c’était avant.

Se présenter comme journaliste aujourd’hui au Sénégal, n’a rien de flatteur. Les professionnels de cette activité devraient se lever et redorer le blason de leur Métier. Cela passe par une revue de la formation journalistique en termes de déontologie, d’engagement et de qualité de l’information servie au public. Les médias sénégalais ont une grande responsabilité sur l’ignorance du peuple, de la perversion et du manque d’exigence de ce dernier. Ils ont une grande responsabilité sur le niveau du débat politique très faible au Sénégal. Ils ont un pouvoir qu’ils doivent utiliser pour éveiller la population et demander des comptes aux politiques à travers des enquêtes, des chroniques, des documentaires, des articles dignes de ce nom.

Il nous faut un nouveau type de médias qui apporte la rupture et de nouveaux types de journalistes qui font autre chose que du sensationnel. Il nous faut réagir vite face aux tares du journalisme au Sénégal : Du concret. Des faits. Un travail de Terrain. Un manque d’engagement.

Aminata THIOR


J’ai la rage

Après avoir lu les deux tomes du brûlot du Colonel Abdoulaye Aziz Ndaw et que 4 mois après c’est silence radio, j’ai la rage. Des faits sont dénoncés dans ce livre par un haut gradé de la gendarmerie qui est prêt à apporter  des preuves de ce qu’il avance dans son livre et personne ne bouge le petit doigt sur cette affaire grave de la République : image2

  • Le Président de la République Macky Sall lui même cité dans le livre ne se prononce pas sur le sujet
  • Le procureur (ou soi-disant procureur) passe sur son devoir d’ouvrir une enquête
  • Les personnes impliquées de près ou de loin (Général Fall, Bécaye Diop, Lamine Faye, …) dans les faits dénoncés n’ont fait aucun commentaire sur l’affaire, ne serait-ce que pour démentir. Du côté des personnes citées qui auraient pu appuyer les dires du Colonel Ndaw, c’est silence Radio également.
  • La société civile ainsi que les représentants du peuple (soit-disants députés) ont « blablaté » sur le sujet et sont ensuite passés à autre chose

Et nous le peuple ? A commencer par moi même, toi, lui, elle vous, qu’avons-nous fait ? RIEN! Nous n’avons rien exigé de ceux qui nous représentent à l’assemblée Nationale. Nous n’avons rien exigé de celui qui nous dirige. Nous avons accepté le silence de ceux qui devaient nous éclairer sur cette affaire et nous sommes passés à autre chose. Avec tout ça, on s’étonne toujours que l’affaire de la gendarmerie sénégalaise soit rangée aux oubliettes? J’ai la rage.

Le commissaire Keita a dénoncé des actes de corruption au plus haut niveau de la police nationale et il a été lui même limogé. Qu’avons nous fait,  nous le peuple qui se plaignons de ceux qui nous dirigent ? Rien ! Mais on s’étonne quand même que l’affaire soit rangée aux tiroirs. J’ai la rage.

Le 26 Septembre 2002, le bateau le Joola  a coulé  emportant avec lui plus de 1000 morts. Un drame national au Sénégal. Nous avions tous dit plus jamais ça, nous l’avions répété en cœur. Plus jamais ce laxisme. Laxisme, mot que j’ai découvert lors de cette tragédie car étant sur toutes les lèvres. 12 ans après, nous avons tous oublié ou presque! 12 ans après, le laxisme est toujours là, aujourd’hui plus qu’hier. 12 ans après,  les personnes qui ont survécu à ce naufrage vivent avec un traumatisme non pris en charge jusqu’à présent. A la date d’anniversaire de ce drame, il n y a aucune commémoration digne de ce nom, une commémoration qui ferait que les victimes du Joola resteront à jamais marquées dans l’histoire du Sénégal. Nous ne commémorons pas les événements qui ont marqué notre histoire et quand l’Occident le fait (pour marquer son histoire), nous nous plaignons de ne pas être invités.  La tragédie du Joola doit rester dans l’histoire du Sénégal comme Leopold Sedar Senghor est resté dans l’histoire du Sénégal.  Ce fait historique est aujourd’hui est minimisé, oublié, « le Joola c’est du passé » disent certains. J’ai la rage. images

Le Président Macky Sall ne nous parle pas. Il ne communique pas avec son peuple.  Pour le voir et l’entendre, il faut regarder la RTS, son site internet personnalisé. ll y a tant de dossiers brulants sur la table, des dossiers où on attend que lui et non ses ministres pour nous éclairer, nous rassurer, nous informer. Il n’en est rien. Le président ne parle pas aux médias sénégalais mais il parle aux médias étrangers. Toutes ses grandes sorties médiatiques sont faites à l’étranger. Un manque de respect total envers les journalistes sénégalais (s’il en existe), envers toi, moi, … envers nous nous qui l’avons élu. Et quand je vois que ça dérange peu de monde, j’ai la rage.

Parlons journalisme. S’il y a une profession qui est en mal aujourd’hui au Sénégal, c‘est le journalisme. Nous avons au Sénégal 10 milles sites d’informations en ligne. Et sur chacun de ces sites, on retrouve les mêmes articles, identiques sur le fond et sur la forme (le même titre ou presque, les mêmes photos, les mêmes fautes, la même longueur ou le même nombre de lignes, …). Il n y a aucun travail de fond, d’analyse, de suivi dans la transmission de l’information au public. Si on veut connaître l’historique d’une affaire (gendarmerie, police, enrichissement illicite,…) on ne le retrouve pas facilement sur ces sites. Par ailleurs, les reportages de qualité sur des sujets de fond sont rares voir inexistants. Quand aux enquêtes ou investigations dans le domaine de la politique, on n’en voit pas : une affaire politique explose, ils sautent tous dessus. Deux mois après, ils en parlent plus. Quand je pense qu’ils ont le pouvoir de relever le débat politique au Sénégal et qu’ils ne le font pas, j’ai la rage.

J’ai la rage en voyant Abdoulaye Mactar Diop dans sa nouvelle tenue de Serigne de Dakar. Costumes hier et grands boubous aujourd’hui. Toujours les mêmes dans les hautes sphères et toujours pas de changement dans cette haute sphère.

J’ai la rage quand je vois les mêmes têtes aux instances de décision depuis des decennies : Moustapha Niass, Tanor Dieng, Dansokho, Mbaye Jacque Diop… D’Abdou Diouf à Macky Sall en passant par Abdoulaye Wade, ils sont là. Ils occupent nos ministères, nos assemblées nationales nos partis politiques sans nous apporter du changement. J’ai la rage quand je vois qu’ils ne sont pas prêts à laisser la place à la nouvelle génération.

Nous sommes des milliers de jeunes à avoir la rage des maux qui gangrènent le Sénégal. Une des solutions serait d’être plus exigeant envers nos élus. A titre d’exemple, nous avons élu des députés pour qu’ils nous représentent en contrôlant les lois proposées avant de les voter, en exigeant des ouvertures d’enquêtes si besoin… Vu qu’ils ne le font pas, nous peuple, sortons et exigeons qu’ils le fassent.

Notre exigence nous peuple et la connaissance de nos droits seraient un grand pas vers l’émergence.

— Aminata THIOR


Merci pour ce moment, vu autrement

valerietrierwilerJe n’ai pas pu m’empêcher de lire le livre de V. Trierweiler en entendant autant de critiques dans les médias et les réseaux sociaux. De plus, les gens sont indignés de la sortie du livre et décident de ne pas l’acheter, et parallèlement, il est en rupture de stock dans la plupart des librairies. Incohérence! Par ailleurs, la plupart des gens se contentent des extraits relayés par les médias pour donner leur avis sur ce livre, ce qui est dommage. Je suis de ces personnes qui croient que les médias ont le pouvoir de nous faire croire ce qu’ils veulent, de nous faire aimer qui ils veulent, de nous faire détester qui ils veulent… Ne pouvant pas me contenter de ce que l’on me sert dans les médias, j’ai décidé de le lire et je l’assume complètement (un clin d’oeil pour ceux qui le lisent et ne l’assument pas). Pourquoi autant de critiques dans un livre où l’auteure est une ex première dame qui a été larguée dans un communiqué de 18 mots (qui a fait le tour du monde) et qui donne sa simple version des faits? Pourquoi n’aurait-elle pas le droit d’écrire un livre? Pourquoi n’aurait-elle pas le droit de s’exprimer tout court? Pourquoi cette pensée collective disant qu’elle n’avait pas le droit?

Ce livre ne révèle rien d’extraordinaire.C’est une histoire de couple classique entre un homme et une femme avec tout ce qu’on peut trouver dans certains couples : amour, trahison, mensonges, reproches… La seule particularité est que les personnes concernées ne sont pas n’importe qui, il s’agit du Président de la République française François Hollande et de son ex compagne Valérie Trierweiler. trierweiler Dans ce livre Trierweiler y raconte comment elle a rencontré Hollande, combien ils se sont aimés, comment elle a quitté mari et enfants pour Hollande et comment ce dernier a quitté compagne (Ségolène Royal) et enfants pour elle. Pour moi ça reste une histoire d’amour classique qui arrive dans la vie et surtout qui peut arriver à n’importe qui.

Elle raconte comment elle a vécu l’affaire Gayet, des rumeurs jusqu’à sa sortie à la UNE de Closer, sa réaction après la découverte du communiqué où elle apprenait qu’elle était larguée (alors qu’elle envisageait de pardonner et de passer à autre chose), la réaction de sa famille et des personnes qui étaient sensées la soutenir. Pour moi, c’était intéressant de découvrir comment elle l’a vécu cette affaire de l’intérieur. Et comme décrit dans le livre, c’était un choc pour elle. Oui, rien de plus normal, c’est humain cette douleur.

Elle y raconte son mal être permanent, cette sensation de ne pas être à sa place à coté d’Hollande car dans la tête des gens, le couple c’est Ségolène et François (je vous rappelle que c’était un couple très médiatisé, je revois encore les caméras de TF1 à la maternité, lors de la naissance de leur dernière fille Flora) et non Valérie et François. Cette sensation est parfois douloureuse lorsque son François ne la soutient pas face aux critiques. Toujours à mon humble avis, rien de plus normal, de plus humain d’être mal dans ce genre de situations.

Elle explique pourquoi elle a « tweeté » pour soutenir Olivier Falorni lors des législatives de 2012. De la même manière elle explique également le pourquoi du fameux « Embrasse moi! Sur la bouche ! » à la Bastille le soir du 6 mai 2012 lorsque plusieurs membres du PS fêtaient la victoire d’Hollande aux élections présidentielles. J’ai aimé ce côté, je m’exprime, je dis pourquoi j’ai réagi d’une certaine manière et je trouve que ses explications sont tout à fait compréhensibles et acceptables.

Elle y détaille son besoin d’être aimée, d’être soutenue, d’être reconnue, d’être entendue par l’homme qu’elle aime. Elle reconnait et assume sa jalousie. Et quoi de plus normal pour une femme? Combien de fois, sommes-nous là à dire aux hommes « tu ne me dis pas assez je t’aime », « tu ne m’écoutes pas », « tu ne me fais jamais de compliments », etc…

Elle parle de son rôle de première dame, de ses actions, de sa rencontre avec d’autres premières dames charismatiques (Michèle Obama, Carla Bruni Sarkozy…). Là c’était intéressant de comprendre que ces femmes souffrent parfois de cette position de première dame et jusqu’où certains Présidents de la République sont prêts à aller pour protéger leur femme du monde extérieur.

Certes elle parle de son ex compagnon, mais elle parle aussi beaucoup d’elle, de ses trois fils et de son ex mari. Vu comment elle a mis à nue sa vie privée, je pense que son seul but n’était pas de nuire à François Hollande, il y avait aussi ce besoin de donner sa version des faits, de dire comment elle a vécu ses quelques mois à l’Elysée avec tous les couacs qu’on connaît.

Dans tout ce récit, on retrouve une femme amoureuse blessée, humiliée qui se souvient de certaines remarques sanglantes de son ex et qui les partage avec le monde entier, enfin avec les personnes qui ont lu ou vont lire son livre. Je veux parler de l’extrait sur les « sans dents » par exemple. Encore une fois c’est humain, normal et naturel : en amour quand on est blessé(e), on se souvient très souvent des mauvais passages, des gestes et paroles qui ont pu blesser et sur lesquels on a préféré fermer les yeux  jusqu’au jour où tout bascule… Elle a choisi de divulguer certaines paroles qui ternissent l’image du président et c’est son droit le plus absolu. Et je pense que le fait qu’elle soit larguée devant le monde entier a joué beaucoup sur son besoin d’en dire un peu plus sur le Président. Et en y regardant de plus prés, l’expression des « sans dents » est-elle si choquante que ça ? Je ne le pense pas. Mais à force de nous la passer en boucle, à force d’entendre des soi-disants experts politiques tourner, retourner cette expression, oui elle devient choquante. C’est le pouvoir des médias !

Encore une fois, le livre ne révèle rien d’extraordinaire. C’est juste une femme qui raconte une histoire d’amour et de trahison. Mais à force de reprendre 10 millions de fois les extraits qu’on connaît tous dans toutes les chaines d’infos en continu et réseaux sociaux avec 90% de critiques sur le livre, c’est normal que l’opinion publique soit influencée. Déjà les français ne l’aimaient pas, les critiques sur le livre la rendent encore plus détestable.

Certains la « détestent » parce-qu’ils considèrent qu’elle a brisé le couple Hollande/Ségolène. Il faut savoir que Trierweiler a quitté un mari et trois fils pour se mettre avec Hollande et ce dernier en âme et conscience a quitté sa famille pour se mettre avec cette femme malgré les conséquences politiques. Elle est où la logique de mettre cette responsabilité sur le dos de Trierweiler ? Qu’en est-il de la responsabilité de François Hollande ?

Certains la « détestent » et la traite d’indigne en se demandant pourquoi Ségolène n’avait pas écrit, elle, un livre pour se venger d’Hollande ? Ségolène Royal et Valérie Trierweiler ont deux choses en commun : celle d’avoir connu le même homme et celle d’être trahie par ce même homme. Face à cette trahison, elles se sont toutes les deux vengées et chacune à sa manière. Lorsque Ségolène Royal a eu une confirmation de la relation de François Hollande avec Valérie Trierweiler, elle s’est présentée aux primaires socialistes pour les présidentielles de 2007 à la surprise de tous sachant qu’Hollande était le plus à même à se présenter car étant le premier secrétaire du PS d’alors. L’objectif de cet acte était de dissuader son compagnon de sa relation avec Trierweiler. C’était sa façon de dire à Hollande, met fin à cette relation sinon je me présente contre toi aux primaires. Mais cet épisode Hollande-Ségolène, tout le monde l’a oublié bien sûr car à l’époque cette sortie avait fait du bruit. Au final, Hollande est resté avec Trierweiler et Ségolène s’est retrouvée face à Sarkozy pour les présidentielles de 2007. Tant mieux pour elle, mais il faut savoir que l’intention de départ était de régler un problème de couple, c’était de se venger. Je trouve que c’est une vengeance à l’image de la personne. Ségolène Royal est une battante, une femme qui a des ambitions politiques et qui ne s’en cache pas. Son domaine, c’est la politique et sa vengeance contre Hollande concernant leur vie privée, elle l’a fait dans ce domaine politique, son moyen d’expression. Quand à Valérie Trierweiler, c’est une journaliste qui n’a aucune ambition politique avec comme moyen d’expression l’écrit (un livre par exemple) ou la parole (une interview par exemple). Elle l’a fait avec son livre. Dès lors, on peut se poser les questions à savoir, en quoi est-elle moins classe que Ségolène Royal? En quoi est-elle moins digne que Ségolène Royal ? En quoi aurait-elle moins le droit de s’exprimer tout court ?

En réponse sur cette affaire, le président Hollande trouve qu’il faut respecter les institutions, le statut de président. Je pense qu’ Hollande, en tant que Président de la 5ème puissance mondiale, exerçant un mandat dans un contexte de crise avec des dossiers brulants sur la table (le chômage, la croissance, le terrorisme, etc), qui quitte l’Elysée pour aller retrouver une femme, autre que sa compagne tout en étant conscient du scandale qui allait se produire si jamais cette relation se dévoilait au grand jour, est le premier à ne pas respecter les institutions de la République. Il est le premier à fragiliser l’image du Président de la république, il est le premier à ternir l’image de la France. Il est le premier à mélanger vie privée et vie publique. Il est le premier à exposer sa vie privée sur la place publique. Le livre de Valérie Trierweiler est donc juste une réponse à la hauteur de l’acte d’Hollande. Dans certains contextes, il ne faut pas se focaliser uniquement sur les conséquences, il faut également avoir un regard sur la cause, car c’est la source de toutes conséquences.

« Merci pour ce moment » n’est pas un chef d’œuvre, loin de là. C’est une histoire d’amour vécue dans un contexte politique, dans le monde des loups. Je le conseille aux amoureux de la politique française ou de la politique en général. Je le conseille également à ceux qui se contentent des extraits pour donner leur avis sur le livre ; il y a les extraits et il y a le reste. Et enfin, je le conseille aux suiveurs, ceux qui se basent sur les avis des journalistes pour donner le leur.

Aminata THIOR


Elle est portugaise et ça se passe en France…

imagesAprès les arbitres assistantes , les propriétaires de club féminins, nous avons aujourd’hui une femme entraineur d’un club masculin de football professionnel.

Elle s’appelle Helena Costa et est nommée entraîneur de l’équipe de foot de Clermont Ferrand à partir de la saison prochaine.

Tous les professionnels du milieu à travers le monde entier ont salué cette arrivée, cette innovation avec parfois quelques réserves émises entre les lignes. En effet, elle sera attendue sur son autorité à diriger une équipe masculine, ses prises de décisions et sa réelle connaissance du football.

Bien sûr, son statut de femme lui sera rappelé ou sera sous entendu dans les premiers commentaires. Et un de ses premiers combats sera justement de montrer qu’elle est là pour ses compétences et non parce-qu’elle est une femme et que ce serait bien d’avoir une femme entraineur d’équipe de foot masculin.

C’est donc l’occasion de prouver que les femmes ont la capacité d’entrainer des équipes de foot masculin au même titre que les hommes vu qu’elles ont les mêmes formations donc les mêmes diplômes. Si elle réussit, on parlera uniquement de l’équipe de Clermont et non de la femme entraineur (et tant mieux). J’ose donc espérer qu’on acueillera ensuite sans grande médiatisation,  les futures femmes qui souhaiteraient évoluer dans ce milieu.

En même temps, c’est une sacrée pression, car si elle ne réussit pas à relever le défi, il sera très difficile de réouvrir cette porte aux femmes. Couteau à double tranchant!

Ce qui est sûr c’est que tous les regards seront tournés vers Clermont à l’été prochain. Je parie sur une réussite. Ayant eu les mêmes diplômes que ses collègues hommes, ayant côtoyé des géants du milieu en tant qu’assistante, il n y a pas de raison qu’elle n’y arrive pas. Quoi qu’il en soit, j’espère qu’elle sera jugée sur ses compétences et non sur son statut de femme.

Alors, on peut dorénavant se poser la question à savoir, jusqu’où iront les femmes dans le foot masculin? Coacher (ou membre de staff ) une équipe de Ligue 1 ? Wait and See!

En attendant, on retiendra qu’Helene Costa et le club de foot de Clermont Ferrand sont rentrés dans l’Histoire.

Le foot et les femmes, l’Avenir de demain!


Cette si longue lettre, cette œuvre immortelle de la littérature Sénégalaise, Africaine.

2534Il y a de ces oeuvres qui ont marqué la littérature Africaine à leur époque et qui sont toujours d’actualité dans la société sénégalaise et africaine en général.

Une « Si longue lettre » de Mariama Bâ fait parti de ces œuvres dans l’ère du temps.

Dans cette œuvre immortelle, Mariama Bâ nous livre un récit sur sa vie, ses souffrances, ses relations familiales… Dans cette lettre qu’elle adresse à sa meilleure amie, elle y évoque les phénomènes de société qu’elle vivait à son époque, à savoir la polygamie, les castes, la place de la femme dans un système hiérarchisé, …

La première fois que j’ai lu ce livre, je devais avoir à peu près 10 ans.  Ce livre est resté dans ma mémoire. A la même année, j’avais lu « La peste » d’Albert Camus. Je n’avais rien compris. Quelques années plus tard, j’ai relu « La peste » d’Albert Camus et je n’avais toujours rien compris. C’est pour vous dire à quel point l’œuvre de Mariama Bâ m’avait marqué, m’avait saisi.

J’ai adoré cette partie où elle évoquait l’envie qu’elles avaient avec sa meilleure amie de changer le monde, d’améliorer la place de la femme dans la société sénégalaise. Mon cœur faisait boom boom sur ces passages. Qu’est-ce que je les enviais! A ces instants précis de lecture, j’avais l’impression de vivre à l’intérieur de moi, leur envie, leur motivation et leur impatience de changer le monde.

J’ai adoré la partie où elle évoquait leur amour pour les études, leur détermination à avoir leur place au milieu des hommes que seules les études et leur compétence leur permettraient. Je pense que la lecture de ces passages a initié mon côté féministe, mon envie et ma décision d’aller là où ILS iront.

J’ai été triste et révoltée dans les passages sur :

  •  La polygamie (abandon par son mari de son côté et divorce du côté de sa meilleure amie)
  • Le phénomène de caste
  • Le comportement de la belle famille après la mort du mari

J’ai été admirative de son courage d’élever une famille nombreuse (composée en grande partie de filles) toute seule.

J’ai été admirative de la façon dont elle a tenu tête à sa famille (pour épouser l’homme qu’elle aimait) et à sa belle famille après le décès du mari (pour garder sa dignité et sa valeur).

Ce livre plonge le lecteur dans une atmosphère douce et amère dans laquelle, il est difficile de décrocher. En fait je ne voulais pas qu’il y ait une fin à cette lettre.

Ce qui est relaté dans ce livre, c’était sa vie dans une société sénégalaise des années 60. Ma première lecture du livre datait des années 90 et j’avais l’impression que cette société sénégalaise des années 90 était la même que celle des années 60. Rien à changer. La polygamie continuait de faire des malheureuses, les histoires de caste existaient toujours, la place de la femme était assez limitée.

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Aujourd’hui en 2014, les faits relatés avec clarté dans cette lettre sont toujours d’actualité, à l’exception peut-être de la position de la femme dans la société sénégalaise. De nos jours, on peut dire qu’elles s’expriment plus, sont plus ouvertes au monde et ne se limitent plus au cadre familial. Elles sont aujourd’hui dans une démarche d’action et de développement. Bien sûr, elles n’ont pas toutes cette image dorée que je décris ici. Mais je choisis de retenir celle là, celle que j’aie des femmes de mon entourage, des femmes de ma vie.

Aujourd’hui en 2014, je suis toujours triste et révoltée par :

  • Certains (j’ai bien écrit, certains) contextes de polygamie
  • Ce phénomène de caste qui est resté encré dans notre société, aujourd’hui plus qu’hier
  • Ces situations où les femmes sont abandonnées à elles mêmes et déshéritées à la mort de leur mari

Mais j’ose espérer et je prie pour que cette soi-disante génération « Y » que nous sommes puisse apporter cette rupture qu’on rêve tous afin d’améliorer notre société. Peut-être que si certains maux de cette société sénégalaise disparaissent, notre esprit sera plus libre, plus apte à se tourner vers le développement, et du Sénégal, et de l’Afrique. Qui sait?

Il faut le lire ce livre, le relire, le faire lire. Il est captivant, motivant mais aussi révoltant.

NAGTF


L’immensité de la bétise humaine#BringBackOurGirls

10177347_698406603550485_700012593108619839_nJ’espère que ce n’est pas trop tard! Oui j’espère que cette grande mobilisation pour retrouver nos soeurs n’est pas trop tard.

Les autorités nigérianes ont-elles réellement fait le nécessaire dès le début pour s’occuper de la détresse de ces jeunes filles et de leurs familles? J’en doute vraiment quand je me rappelle que 25 pays ont uni leurs efforts pour retrouver un avion malaisien disparu dès l’annonce de ce drame.

Comment ne pas avoir le coeur lourd et meurtri quand on imagine qu’il y a 200 jeunes filles entrain de souffrir quelque part en Afrique? Il n y a pas de mots pour décrire un tel acte . Il n y a pas de mots pour décrire de tels hommes.

Ce ne sont que des gamines, innocentes, victimes de la bêtise humaine. Face à de tels individus sans pitié, on ne peut qu’imaginer le pire pour le traitement de ces jeunes filles : violées, vendues, mariées de force, battues?

Oui j’espère, j’espère que ce n’est pas trop tard.

Que faire face à l’immensité de la bêtise humaine? Aujourd’hui c’est l’enlèvement de 200 filles, demain ce sera quoi ?

Quand est-ce que nos dirigeants africains prendront conscience de la valeur de nos vies ?

Quand est-ce qu’ils sauront réagir vite face à de tels actes ?

Quand est-ce qu’ils iront aider à temps nos ressortissants dans les pays en guerre ou en situation instable (Ukraine, Grèce, …)

Quand…? Quand…?

Que de questions sans réponses! Une sorte de souffrance pour celui ou celle qui se les pose.

Ramenez-nous nos soeurs!

Aminata THIOR


Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu? Le film qui cartonne!

qu-est-ce-qu-on-a-fait-au-bon-dieu-affiche-52e13866da5d1A une période où on ne peut plus rire de tout en France, une comédie où chacun en prend pour son grade (qu’on soit juif, arabe, noir ou asiatique) apporte une énorme bouffée d’oxygène.

Les répliques sont cash et il n y a pas de leçon de morale pour « dénoncer » le racisme ou une des « bêtises humaines » on va dire.

Si vous ne faites pas parti de ces 5 millions de spectateurs, courez vite voir ce film! Quoique,  vous avez encore le temps car c’est sûr que le conseil d’Etat ne sera pas sollicité pour retirer le film des salles de cinéma.

Spéciale dédicace à Eric Zemmour et Alain Finkielkraut et vive la diversité!

Aminata THIOR


Quand les futilités et le ridicule prennent le dessus …

Quand il s’agit de couvrir les grands événements de l’histoire (compétitions internationales de sport, les élections en Egypte,les guerres au Mali, en CentreAfrique, en Ukraine, en Syrie …), la presse sénégalaise nous ressert les images des Médias occidentaux.

Après nous sommes les premiers à se plaindre des images négatives que transmettent ces mêmes médias occidentaux sur l’Afrique.

Quand il s’agit de couvrir un Waly Seck ou un Pape Diouf au Zenith, toute la presse sénégalaise se mobilise pour envoyer une « horde » de soit-disants journalistes sur Paris.


Après on nous dit que c’est par manque de moyens qu’elle ne peut pas couvrir les grands évènements.

C’est ce qui arrive quand les futilités prennent le dessus…

Et qu’est-ce qui arrive quand le ridicule ne tue plus? On voit un Cheikh Yerim Seck se pavanant tranquillement sur les plateaux de télé nous présenter son nouveau costume de héros et nous rappeler que son ancien costume de donneur de leçons de morale et de citoyenneté est toujours à la mode.

Et papa Wade alors? il sera adulé, regretté, applaudi à son arrivée à Dakar. Alors qu’il y a tout juste 2 ans, nous lui avons dit NON, NON par la meilleure des manières, NON via nos cartes d’électeurs.

C’est ce qui arrive quand le ridicule prend le dessus…

Aminata THIOR