Sénégal : mon top 6 d’entrepreneurs à suivre (2/2)
Depuis 2014, je les lis, regarde, écoute et quelques rares fois, j’ai parlé avec certains d’entre eux. Ils vivent entre l’Occident et L’Afrique pour la plupart. Si ce n’est pas leur beauté physique et leur humilité, c’est leur passion et la valeur de leurs propositions qui m’ont attirée chez eux.
Un de mes souhaits serait qu’ils soient plus visibles et plus connus qu’ils ne le sont déjà. J’ai envie de voir leurs belles gueules dans les grands magazines et journaux du monde ou encore, les voir très souvent à la télé partager leurs expériences, et donc inspirer & motiver des jeunes. Ce dont j’ai réellement peur, c’est qu’ils soient propulsés par Mr Dupond d’abord pour qu’enfin le Sénégal puisse reconnaître leur valeur. Pour m’éviter cet affront personnel pour ma part, je parle d’eux ici dans mon petit blog de rien du tout.
Mariama Touré, Journaliste & fondatrice de The Dance Hall
Mariama a créé le premier centre de danses urbaines au Sénégal, The Dance Hall. Elle fut une de mes découvertes coups de cœur en 2014, lorsque je cherchais à faire un article sur les 30 meilleurs entrepreneurs du Sénégal. Papier que j’ai finalement laissé tomber pour me consacrer à un documentaire sur le retour des étudiants sénégalais au pays après leurs études en Occident. Et évidemment, elle faisait partie des 7 profils que j’avais choisis pour ce projet.
J’ai aimé cette raison qui l’a poussée à créer ce centre de danses urbaines. 3 ans après son retour au pays, elle avait cette envie de pratiquer une de ses nombreuses passions : la danse. Sauf qu’à l’époque, elle ne trouvait aucune structure à Dakar qui proposait des cours de danse. Alors elle a créé The Dance Hall. Non seulement elle a répondu à son propre besoin mais à celui de toutes ces personnes passionnées de danse qui ne trouvaient pas ce service à Dakar. L’autre point qui m’a marqué sur son parcours était sa capacité à convaincre sur un projet de danse quand on sait que ce mot n’est pas pris au sérieux au Sénégal. Le système LMD, Lutte Musique Danse, oblige. Et elle y est arrivée. Son projet marche. Elle reçoit des danseurs de renommée internationale. Elle a fait une excellente vidéo (A-Z) sur les danses africaines qui a fait plus d’un million de vues sur Youtube. L’idée est originale. L’année dernière, elle avait reçu le prix surprise au Forum Mondial de la Langue Française de Liège. Elle crée des emplois et fait rayonner le Sénégal à l’international à travers nos danses africaines.
Mariama Touré a réussi un sacré défi à mon avis. Celui de démontrer la pertinence de son projet de Centre de Danse dans un environnement très récitent à ce domaine. C’est un exemple pour tous ceux qui hésiteraient à se lancer dans une activité qu’on pourrait qualifier de futile au Sénégal. Mais il faudra de la rigueur, du professionnalisme et de la passion. Ce sont ces 3 mots que je garde d’elle. Je lui souhaite de rencontrer un investisseur qui aura de la vision.
Boubacar Sagna, PDG de Yenni, diplômé en relations internationales
C’est par l’intermédiaire d’amis que j’ai entendu parlé de ce chef d’entreprise passionné et passionnant. Chargé de projets au service des relations internationales de Toulouse pendant 4 ans, Boubacar était responsable de la coopération entre Toulouse et Saint-Louis du Sénégal dans le domaine de la transformation des produits halieutiques avec la mise en œuvre de séchoirs solaires. Cet homme de 34 ans a une connaissance quasi parfaite du Sénégal et du monde de l’entrepreneuriat. J’ai envie de le voir et de l’entendre partout dans les médias sénégalais pour qu’il partage cette expérience de la coopération entre Toulouse et Saint-Louis. Combien il gagnait à la mairie de Toulouse? Comment il distribuait cet argent autour de lui ? Comment il aidait les femmes de Saint-Louis à utiliser les séchoirs solaires pour produire du kéthiakh (du poisson séché) afin de les vendre à l’international ? Que sont devenus ces séchoirs solaires après son départ de Saint-Louis ? Quelles sont les leçons qu’il a tirées de cette expérience ? Les réponses à ces questions sont autant d’anecdotes qui pourraient inspirer plus d’un jeune Africain. Quand je vous dis qu’il est passionné et passionnant, il ne s’agit pas que de mots.
En 2013, avec un ami, Boubacar crée Yenni (mot wolof qui signifie “décharger quelqu’un de …”) . Cette société propose des cartes prépayées rechargeables offrant aux Sénégalais du pays et de la diaspora un moyen de paiement sécurisé de leurs frais médicaux. Le besoin est là, dans un pays où près de 80% de la population n’ont pas accès à la couverture maladie (selon l’OMS). L’offre est séduisante et adaptée aux réalités du Sénégal : le Sénégalais qui recharge une carte Yenni est sûr et certain que l’argent sera dépensé pour les frais médicaux de ses proches (et non pour du xawaré) et de l’autre côté, le professionnel de santé a l’assurance d’être payé (finies les pièces d’identité laissées comme gages dans les hôpitaux).
La valeur de la proposition de Yenni, l’esprit combatif de Boubacar font que je n’ai aucun doute sur la réussite imminente de ce projet. Comme presque tous les autres entrepreneurs que je vous présente ici, j’ai encore cette impression que Yenni rayonne plus à l’international qu’au Sénégal. J’irai à sa découverte dans les prochains mois.
Assane Mbengue, Ingénieur Informatique & co-fondateur de Carrapide
Il y a quelques années, dans leurs chambres universitaires, Assane et ses amis ont créé Yama Télé, un site Internet qui permet de regarder des pièces de théâtre sénégalaises en ligne. Les nostalgiques de l’époque de la bonne production théâtrale sénégalaise y ont trouvé leur compte. L’idée est bonne et en a séduit plus d’un. Avec ses associés, ils se sont ensuite lancés sur un site d’informations en ligne. Puis sur un site d’informations dédié aux femmes, Jongoma (qui a aujourd’hui disparu). Puis sur le développement d’applications mobiles (l’application Talibi est une révolution au Sénégal). Puis dans la production de téléfilms (c’est lui derrière la série Mok Poth).
Vous l’avez compris, Assane est une véritable machine “à faire”. Aujourd’hui, tous ses sites et applications sont regroupés dans Carrapide. Il est rentré au Sénégal depuis plus de 3 ans et dirige une entreprise avec une grande équipe derrière. Il crée des emplois au Sénégal. C’est un de ces Sénégalais qui a renoncé à son confort de salarié dans une entreprise du CAC 40 pour se consacrer à sa passion.
L’ayant côtoyé et ayant beaucoup discuté avec lui, j’ai découvert un homme brillant. Très capitaliste et pragmatique. Il a des tonnes d’idées à réaliser et il n’oublie jamais ce côté business. C’est un technique et l’un de ses points faibles est la communication. Assane Mbengue est un sacré entrepreneur et businessman. Il a un flair sur les projets qui peuvent marcher. Il investit, crée et conseille (sans être écouté). C’est un futur Cheikh Amar ou Bara Mboup. Je prends le pari.
Aissatou Sène, créatrice de Belya
Comme Mariama Touré, j’ai découvert ce nom Belya pendant ma recherche de 30 entrepreneurs au Sénégal. Avant son projet, c’est sa beauté physique qui m’a attirée. Oui ces dents de lait, ce teint noir, ces cheveux crépus assumés et cette apparence sexy m’ont poussé à aller voir sa proposition.
Elle s’appelle Aissatou Sène. Elle a créé Belya, sa marque de vêtements, chaussures et accessoires faits à base du tissu Africain, le wax. Aissatou a commencé à faire des colliers, puis des vêtements. Ensuite elle a lancé sa page Facebook et son aventure a débuté comme cela. Elle s’est diversifiée avec la proposition de sacs à mains, porte-monnaies, chaussures, le tout en wax bien sûr. Elle travaille principalement avec des artisans locaux Sénégalais et parfois avec des Marocains.
J’aime ses produits. C’est à la fois fin et élégant. J’étais triste de la lire dans un article où elle disait que sa clientèle est plus étrangère que Sénégalaise. Effectivement, elle rayonne à l’étranger. On le voit bien à ses travers ses publications sur Instagram. Dans mes recherches, j’ai également constaté que la presse étrangère s’intéressait plus à elle que la presse locale. J’irai également à sa découverte dans les mois à venir.
Nous assistons à un boom de la mode wax et c’est une pionnière dans le domaine. Elle est clairement à suivre et encourager.
Ibuka Ndjoli Ecrivain, fondateur de Kusoma Group
J’ai découvert Ibuka par le billet de partages et likes de ses posts par mes amis sur Facebook. Ses publications étaient souvent longues mais la simplicité et la pertinence de ses écrits faisaient que je les lisais jusqu’au bout. Cela m’a poussé à consulter mon pote Google pour me renseigner davantage sur lui : j’ai découvert un social Entrepreneur.
Ibuka est un écrivain, un passionné des TIC et fondateur de Kusoma Group, sa 3ème startup. Tout commence en 2012. Il lance Da Promoter Agency, une structure qui promeut les talents et entrepreneuriat des jeunes Africains. Ensuite en 2013, l’agence Les littérateurs voit le jour. Son objectif était d’accompagner les auteurs dans le processus d’écriture et de publication de leurs œuvres. Et dernièrement, il a lancé Kusoma, cette plateforme web et mobile qui propose aux lecteurs des livres numériques et aux auteurs africains, la possibilité de publier leurs bouquins sans passer aux Editions Kusoma.
J’aime ses publications sur l’estime de soi, l’entrepreneuriat ou les opportunités en Afrique. Il a une vraie culture entrepreneuriale et un sens du partage. Vous verrez sur son mur et page Facebook une forte interaction avec sa communauté. Il y partage ses projets d’écriture de livres, y demande des avis et conseils et en donne également en retour. J’ai particulièrement aimé son recueil de témoignages sur sept jeunes femmes Africaines qui ont osé l’entrepreneuriat. Il évolue dans un secteur prometteur. Il y a cette nouvelle génération qui écrit de plus en plus et qui ne demande qu’à être publiée. Lui offre la solution avec les outils du numérique. J’y vois un fort succès dans les années à venir.
Cheikhna Sarr, PDG Absar consulting et fondateur de sunuboncoin
J’ai découvert cet ingénieur en mécatronique il y a quelques mois quand je travaillais sur un article destiné au Magazine Le Soleil Diaspora. Le papier traitait le sujet des entrepreneurs Sénégalais vivant en Occident”.
Cheikhna a lancé avec un associé, la société ABSAR Consulting, une entreprise qui vise à créer des centres techniques au Sénégal pour permettre d’externaliser des projets technologiques des sociétés européennes. Je précise que ce marché est jusqu’ici dominé par les Chinois au Sénégal. En parallèle, il a créé la plateforme e-commerce sunuboncoin, le site en ligne qui permet aux Sénégalais de commander tout type de produit sur Internet. Aujourd’hui, il partage sa vie entre Dakar, Saint-Louis et Paris, où il développe ses différentes activités.
A travers différents échanges avec Cheikhna et en suivant son activité de très près sur les réseaux sociaux, j’ai découvert un entrepreneur passionné et bosseur. Il partage naturellement ses objectifs, sa vision, sa méthode de travail. En discutant avec lui, on ne peut s’empêcher de sentir sa fierté de servir les Saint-Louisiens et de créer des emplois au Sénégal. Pour ma part, son immense positivité, son humilité débordante et ce côté travailleur acharné m’ont assurément marquée. Ses entreprises sont à découvrir. Je suis particulièrement séduite par sunuboncoin et visualise aisément sa fulgurante croissance dans les années à venir, dans le domaine du e-commerce au Sénégal.
Aminata THIOR
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