21 septembre 2014

Merci pour ce moment, vu autrement

valerietrierwilerJe n’ai pas pu m’empêcher de lire le livre de V. Trierweiler en entendant autant de critiques dans les médias et les réseaux sociaux. De plus, les gens sont indignés de la sortie du livre et décident de ne pas l’acheter, et parallèlement, il est en rupture de stock dans la plupart des librairies. Incohérence! Par ailleurs, la plupart des gens se contentent des extraits relayés par les médias pour donner leur avis sur ce livre, ce qui est dommage. Je suis de ces personnes qui croient que les médias ont le pouvoir de nous faire croire ce qu’ils veulent, de nous faire aimer qui ils veulent, de nous faire détester qui ils veulent… Ne pouvant pas me contenter de ce que l’on me sert dans les médias, j’ai décidé de le lire et je l’assume complètement (un clin d’oeil pour ceux qui le lisent et ne l’assument pas). Pourquoi autant de critiques dans un livre où l’auteure est une ex première dame qui a été larguée dans un communiqué de 18 mots (qui a fait le tour du monde) et qui donne sa simple version des faits? Pourquoi n’aurait-elle pas le droit d’écrire un livre? Pourquoi n’aurait-elle pas le droit de s’exprimer tout court? Pourquoi cette pensée collective disant qu’elle n’avait pas le droit?

Ce livre ne révèle rien d’extraordinaire.C’est une histoire de couple classique entre un homme et une femme avec tout ce qu’on peut trouver dans certains couples : amour, trahison, mensonges, reproches… La seule particularité est que les personnes concernées ne sont pas n’importe qui, il s’agit du Président de la République française François Hollande et de son ex compagne Valérie Trierweiler. trierweiler Dans ce livre Trierweiler y raconte comment elle a rencontré Hollande, combien ils se sont aimés, comment elle a quitté mari et enfants pour Hollande et comment ce dernier a quitté compagne (Ségolène Royal) et enfants pour elle. Pour moi ça reste une histoire d’amour classique qui arrive dans la vie et surtout qui peut arriver à n’importe qui.

Elle raconte comment elle a vécu l’affaire Gayet, des rumeurs jusqu’à sa sortie à la UNE de Closer, sa réaction après la découverte du communiqué où elle apprenait qu’elle était larguée (alors qu’elle envisageait de pardonner et de passer à autre chose), la réaction de sa famille et des personnes qui étaient sensées la soutenir. Pour moi, c’était intéressant de découvrir comment elle l’a vécu cette affaire de l’intérieur. Et comme décrit dans le livre, c’était un choc pour elle. Oui, rien de plus normal, c’est humain cette douleur.

Elle y raconte son mal être permanent, cette sensation de ne pas être à sa place à coté d’Hollande car dans la tête des gens, le couple c’est Ségolène et François (je vous rappelle que c’était un couple très médiatisé, je revois encore les caméras de TF1 à la maternité, lors de la naissance de leur dernière fille Flora) et non Valérie et François. Cette sensation est parfois douloureuse lorsque son François ne la soutient pas face aux critiques. Toujours à mon humble avis, rien de plus normal, de plus humain d’être mal dans ce genre de situations.

Elle explique pourquoi elle a « tweeté » pour soutenir Olivier Falorni lors des législatives de 2012. De la même manière elle explique également le pourquoi du fameux « Embrasse moi! Sur la bouche ! » à la Bastille le soir du 6 mai 2012 lorsque plusieurs membres du PS fêtaient la victoire d’Hollande aux élections présidentielles. J’ai aimé ce côté, je m’exprime, je dis pourquoi j’ai réagi d’une certaine manière et je trouve que ses explications sont tout à fait compréhensibles et acceptables.

Elle y détaille son besoin d’être aimée, d’être soutenue, d’être reconnue, d’être entendue par l’homme qu’elle aime. Elle reconnait et assume sa jalousie. Et quoi de plus normal pour une femme? Combien de fois, sommes-nous là à dire aux hommes « tu ne me dis pas assez je t’aime », « tu ne m’écoutes pas », « tu ne me fais jamais de compliments », etc…

Elle parle de son rôle de première dame, de ses actions, de sa rencontre avec d’autres premières dames charismatiques (Michèle Obama, Carla Bruni Sarkozy…). Là c’était intéressant de comprendre que ces femmes souffrent parfois de cette position de première dame et jusqu’où certains Présidents de la République sont prêts à aller pour protéger leur femme du monde extérieur.

Certes elle parle de son ex compagnon, mais elle parle aussi beaucoup d’elle, de ses trois fils et de son ex mari. Vu comment elle a mis à nue sa vie privée, je pense que son seul but n’était pas de nuire à François Hollande, il y avait aussi ce besoin de donner sa version des faits, de dire comment elle a vécu ses quelques mois à l’Elysée avec tous les couacs qu’on connaît.

Dans tout ce récit, on retrouve une femme amoureuse blessée, humiliée qui se souvient de certaines remarques sanglantes de son ex et qui les partage avec le monde entier, enfin avec les personnes qui ont lu ou vont lire son livre. Je veux parler de l’extrait sur les « sans dents » par exemple. Encore une fois c’est humain, normal et naturel : en amour quand on est blessé(e), on se souvient très souvent des mauvais passages, des gestes et paroles qui ont pu blesser et sur lesquels on a préféré fermer les yeux  jusqu’au jour où tout bascule… Elle a choisi de divulguer certaines paroles qui ternissent l’image du président et c’est son droit le plus absolu. Et je pense que le fait qu’elle soit larguée devant le monde entier a joué beaucoup sur son besoin d’en dire un peu plus sur le Président. Et en y regardant de plus prés, l’expression des « sans dents » est-elle si choquante que ça ? Je ne le pense pas. Mais à force de nous la passer en boucle, à force d’entendre des soi-disants experts politiques tourner, retourner cette expression, oui elle devient choquante. C’est le pouvoir des médias !

Encore une fois, le livre ne révèle rien d’extraordinaire. C’est juste une femme qui raconte une histoire d’amour et de trahison. Mais à force de reprendre 10 millions de fois les extraits qu’on connaît tous dans toutes les chaines d’infos en continu et réseaux sociaux avec 90% de critiques sur le livre, c’est normal que l’opinion publique soit influencée. Déjà les français ne l’aimaient pas, les critiques sur le livre la rendent encore plus détestable.

Certains la « détestent » parce-qu’ils considèrent qu’elle a brisé le couple Hollande/Ségolène. Il faut savoir que Trierweiler a quitté un mari et trois fils pour se mettre avec Hollande et ce dernier en âme et conscience a quitté sa famille pour se mettre avec cette femme malgré les conséquences politiques. Elle est où la logique de mettre cette responsabilité sur le dos de Trierweiler ? Qu’en est-il de la responsabilité de François Hollande ?

Certains la « détestent » et la traite d’indigne en se demandant pourquoi Ségolène n’avait pas écrit, elle, un livre pour se venger d’Hollande ? Ségolène Royal et Valérie Trierweiler ont deux choses en commun : celle d’avoir connu le même homme et celle d’être trahie par ce même homme. Face à cette trahison, elles se sont toutes les deux vengées et chacune à sa manière. Lorsque Ségolène Royal a eu une confirmation de la relation de François Hollande avec Valérie Trierweiler, elle s’est présentée aux primaires socialistes pour les présidentielles de 2007 à la surprise de tous sachant qu’Hollande était le plus à même à se présenter car étant le premier secrétaire du PS d’alors. L’objectif de cet acte était de dissuader son compagnon de sa relation avec Trierweiler. C’était sa façon de dire à Hollande, met fin à cette relation sinon je me présente contre toi aux primaires. Mais cet épisode Hollande-Ségolène, tout le monde l’a oublié bien sûr car à l’époque cette sortie avait fait du bruit. Au final, Hollande est resté avec Trierweiler et Ségolène s’est retrouvée face à Sarkozy pour les présidentielles de 2007. Tant mieux pour elle, mais il faut savoir que l’intention de départ était de régler un problème de couple, c’était de se venger. Je trouve que c’est une vengeance à l’image de la personne. Ségolène Royal est une battante, une femme qui a des ambitions politiques et qui ne s’en cache pas. Son domaine, c’est la politique et sa vengeance contre Hollande concernant leur vie privée, elle l’a fait dans ce domaine politique, son moyen d’expression. Quand à Valérie Trierweiler, c’est une journaliste qui n’a aucune ambition politique avec comme moyen d’expression l’écrit (un livre par exemple) ou la parole (une interview par exemple). Elle l’a fait avec son livre. Dès lors, on peut se poser les questions à savoir, en quoi est-elle moins classe que Ségolène Royal? En quoi est-elle moins digne que Ségolène Royal ? En quoi aurait-elle moins le droit de s’exprimer tout court ?

En réponse sur cette affaire, le président Hollande trouve qu’il faut respecter les institutions, le statut de président. Je pense qu’ Hollande, en tant que Président de la 5ème puissance mondiale, exerçant un mandat dans un contexte de crise avec des dossiers brulants sur la table (le chômage, la croissance, le terrorisme, etc), qui quitte l’Elysée pour aller retrouver une femme, autre que sa compagne tout en étant conscient du scandale qui allait se produire si jamais cette relation se dévoilait au grand jour, est le premier à ne pas respecter les institutions de la République. Il est le premier à fragiliser l’image du Président de la république, il est le premier à ternir l’image de la France. Il est le premier à mélanger vie privée et vie publique. Il est le premier à exposer sa vie privée sur la place publique. Le livre de Valérie Trierweiler est donc juste une réponse à la hauteur de l’acte d’Hollande. Dans certains contextes, il ne faut pas se focaliser uniquement sur les conséquences, il faut également avoir un regard sur la cause, car c’est la source de toutes conséquences.

« Merci pour ce moment » n’est pas un chef d’œuvre, loin de là. C’est une histoire d’amour vécue dans un contexte politique, dans le monde des loups. Je le conseille aux amoureux de la politique française ou de la politique en général. Je le conseille également à ceux qui se contentent des extraits pour donner leur avis sur le livre ; il y a les extraits et il y a le reste. Et enfin, je le conseille aux suiveurs, ceux qui se basent sur les avis des journalistes pour donner le leur.

Aminata THIOR

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