L’élite de la diaspora Sénégalaise rentre au pays

Article : L’élite de la diaspora Sénégalaise rentre au pays
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28 août 2015

L’élite de la diaspora Sénégalaise rentre au pays

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Photo de profil du Groupe BToG. Source : Association Back To Galsen (Dakar).

Créé en février 2014, le groupe Back to Galsen ou BToG (rentrer au Sénégal) est un réseau sur Facebook (https://www.facebook.com/groups/873863719304059/?fref=ts) de l’élite Sénégalaise de la Diaspora rentrée au pays. Ce réseau compte aujourd’hui 8900 membres et son but est de faciliter l’intégration de la diaspora Sénégalaise, le partage des opportunités de carrières/d’affaires et la collaboration avec les structures qui encouragent le retour des Sénégalais. L’association Back to Galsen (du même nom que le Groupe) est basée à Dakar.

Les différents profils des abonnés du Groupe BToG :

Au début de l’été 2015, il y a eu de plus en plus d’adhésion au groupe et une importante vague de présentation de ses membres/abonnés. Ces derniers présentent les profils suivants :

  • Ils sont déjà rentrés et ont intégré des entreprises au Sénégal
  • Ils sont déjà rentrés et ont choisi l’entreprenariat
  • Ils sont toujours à l’étranger et préparent leur retour
  • Ils ont peur de sauter le pas
  • Ils viennent de finir leurs études et se posent l’éternelle question : rentrer maintenant ou plus tard
  • Ils n’ont pas encore fini leurs études mais se posent quand même cette question du retour

Ces profils sont de tout âge avec une forte présence de la génération qui a quitté le Sénégal dans les années 2000 (entre 2000 et 2012). Quant aux compétences, ce groupe regorge de talents dans divers domaines. D’ingénieurs aux experts comptables, en passant par les avocats, les juristes, les RH, la communauté BToG est un réservoir de savoir-faire pour l’Afrique et particulièrement pour le Sénégal.

La qualité et la richesse des informations partagées dans le Groupe

Tout au long de leur page facebook, les membres de la communauté Back To Galsen partagent leurs formations et leurs expériences du retour :

« Je me suis rendu à l’évidence : la France, c’était pas pour moi »

Khadija est rentrée à Dakar en 2013 après avoir passé 7 ans en France. « J’ai quitté le Sénégal après un bac S2 pour intégrer une prépa HEC. Ensuite, je suis rentrée en école de commerce. Au bout des mes 5 ans d’études, je n’étais toujours pas décidée et ne savais pas trop vers quel métier m’orienter malgré l’ouverture qu’offre la formation en école de commerce. Du coup, j’ai décidé de tenter un second master en école d’ingénieur. Après mon stage de fin d’études et l’obtention de mon diplôme, je savais vers quel métier je voulais m’orienter mais je doutais toujours du lieu (France ou Sénégal) . Après un an à subir l’administration française et plusieurs questions sur le mode de vie que je désirais vraiment, je me suis rendu à l’évidence: la France c’était pas pour moi. Je suis rentrée la semaine où j’ai reçu ma notification de changement de statut, sans promesse ni piste sûre à Dakar. 
3 mois après mon arrivée, j’ai obtenu un stage de pré-embauche en utilisant beaucoup mon réseau. Avec le recul, je me dis que le fait de rentrer était la meilleure décision que j’ai jamais prise. En effet, j’ai décrocher un CDI dans une firme internationale et évolue plutôt bien. »

« Ce qui m’a poussé, c’est juste l’amour pour le pays et rien d’autre. »

Pour Babacar qui a fait ses études supérieures et une partie de son parcours professionnel en France et au Canada, le retour s’est fait en 2012. « Je suis rentré il y a 3 ans de cela après avoir obtenu un poste à l’université de Ziguinchor puis de Saint-Louis. L’idée de rentrer au pays est de juste saisir une opportunité qui se présente. Si on regarde les salaires, on ne fera pas le pas vers le retour. Ce qui m’a poussé c’est juste l’amour pour le pays et rien d’autre. »

Pour la plupart de cette élite rentrée au Sénégal, l’entrepreunariat est la meilleure alternative. Ils sont donc nombreux à lancer leur propre business.

C’est le cas de Cheikhna, ingénieur mécatronique de formation à l’École d’ingénieur de Bretagne Sud. « Après mon cycle d’ingénieur en 2012, je suis rentré et j’ai vite compris qu’avec la formation que j’ai faite, il serait difficile de trouver un emploi au Sénégal.

« Nous croyons fortement que le savoir-faire Sénégalais peut bien se positionner sur un marché jusqu’à présent dominé par les pays asiatiques. »

J’ai lancé avec un associé, la société ABSAR Consulting (https://absar-consulting.com/) qui vise à créer des centres techniques au Sénégal pour permettre d’externaliser des projets technologiques des sociétés européennes.Nous croyons fortement que le savoir-faire Sénégalais peut bien se positionner sur un marché jusqu’à présent dominé par les pays asiatiques.Dans cette dynamique, nous avons aussi lancé la plateforme e-commerce sunuboncoin (https://www.sunuboncoin.com/), le bon coin qui permet aux sénégalais de commander tout type de produit. »

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Drapeau du Sénégal Source : Wiki Commons

Et pour Boubacar, « le Sénégal est plus une affaire de cœur que de raison ». Arrivé en France en 2002. Il y poursuit ses études supérieures et devient chargé de mission à la Direction des relations internationales et affaires européennes de 2010 à 2014. CEO et fondateur de Yenni (www.yenni.org), il a décidé de rentrer en 2014 pour se consacrer pleinement au développement de sa structure. «Yenni est  une startup  qui veut offrir aux expatriés vivant en Europe une solution de paiement sécurisée des frais médicaux de leur famille en Afrique. 

Par ailleurs, des conseils sont fournis aux plus jeunes sur les différentes formations et débouchés associés. Des partenariats se font. Des offres d’emplois pour l’Afrique et/ou le Sénégal sont tous les jours publiées sur la page et des astuces sont partagées pour intégrer sereinement le milieu professionnel Sénégalais.

Nafyel, une Back To Galsen, livre sa finesse adoptée pour s’adapter facilement à son nouveau environnement de travail : « Au travail moi je dirais que le Sénégalais n’avance pas au même rythme que ceux qui viennent d’ailleurs. Par exemple, une réunion rapide bouclée dans le temps imparti sans faire de digressions est très rare. Si tu ne le sais pas, tu trépignes d’impatience. Alors tu leur mets un coup de stress et ce n’est pas apprécié. Rester calme. Si tu dois recentrer la discussion, il faut le faire subtilement et pas du genre  » on a pas que ça à faire ». Pareil, si tu veux relancer les gens pour un travail qu’ils avaient promis de livrer, il faut relancer avec le sourire, à la rigolade et gentiment. Et de préférence pas par écrit /email, encore moins avec le patron en copie. C’est l’erreur que je faisais et j’agaçais tout le monde sans le savoir. Sénégalais bougoul kouko takhawou.(le Sénégalais n’aime pas qu’on lui mette la pression). Tu obtiens ce que tu veux sans heurts et beaucoup plus rapidement avec la bonne méthode »

Tout n’est pas rose…`

Si pour certains membres du Groupe le retour au pays est une évidence, pour d’autres c’est plus complexe. Ils évoquent la peur de la pression sociale, le népotisme, le blocage lié à leur statut de soutien de famille ou un niveau de salaire très bas au Sénégal. Sur ces cas-là, les débats sont houleux. Les avis sont partagés.

Dans son post de présentation, Amina, chargée d’affaires déploiement Fibre Optique chez Orange SA en France, dénonce un système professionnel Sénégalais verrouillé qui ne facilite pas le retour de certains profils :

« … Avec les entretiens qui ne se concrétisent pas.. Des promesses non tenues…Pour des pragmatiques de mon genre, On n’est obligé de garder ce qu’on a d’acquis par la grâce Divine car souvent on est soutient de famille…Je ne pense pas être la seule dans ce cas. Ét cela a un goût très amer ! … »

Le manque d’actions est également décrié.

« Il est temps qu’on pense et passe à des réunions physiques dans les différents pays où nous nous trouvons, comme celles existant déjà à Dakar. L’idée principale : brainstormer. »

Soutient Afi, une des membres du Groupe.

Malgré ces points noirs, il y a du concret : des idées de projet émergent très régulièrement, les experts des domaines concernés parmi les membres se prononcent sur leur faisabilité et parfois, des groupes de travail se forment pour leur mise en œuvre.

Tous les jours, le nombre d’abonnés du Groupe BToG augmente, des problématiques du retour sont traitées sur la page et les initiatives ne manquent pas. Des rencontres physiques ainsi que la structuration du Groupe en différents pôles sont prévues avant la fin de l’année. On peut dire que le train est en marche… L’élite Sénégalaise est bien sur le chemin du retour. Les expériences partagées sur Back To Galsen en sont un parfait exemple.

Ce réseau est une véritable mine d’informations pour l’étudiant, l’entrepreneur, l’état sénégalais, les entreprises Sénégalaises/Africaines qui recrutent. Dès lors, on peut se poser la question à savoir : A quand la première entreprise créée par la communauté Back To Galsen?

A suivre…

Gormack

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